mardi 24 février 2015

Pétrole : une arme puissante dans la guerre des prix et de parts de marché

Le pétrole, l’or noir, l’élément indispensable à toute industrie, le très précieux liquide qui fait tanguer, positivement ou négativement, la  balance commerciale des pays est le sujet de l’article de cette semaine.

On comprend tous l’importance et l’effet du pétrole sur l’économie mondiale et sur la politique. A part son rôle de carburant pour l’industrie, le pétrole a été utilisé comme une arme pour faire pression sur l’une où l’autre partie pendant les guerres. A titre d’exemple, je cite l’embargo de 1973. Pendant la guerre de Kippour, et pour des raisons politiques, les pays arabes membres de l’OPEP ont lancé un embargo pétrolier contre les pays qui soutenaient Israël. Face à l’intervention américaine dans cette guerre entre les pays arabes et Israël, les principaux producteurs de l’or noir ont décidé d’augmenter le prix du baril de brut, de réduire la production et d’instaurer un embargo sur leurs livraisons de pétrole destinées à certains pays européens et aux Etats-Unis d’Amérique.
Ce petit rappel historique a pour but de nous montrer que lorsqu’il s’agit de pétrole, la situation peut être compliquée et comprend des considération qui ne sont pas toujours d’ordre économique. La politique a aussi son mot à dire.
Actuellement, les prix de pétrole sont en baisse continue. Ils ont atteints des niveaux si bas, qu’il est difficile de croire qu’il s’agit toujours du même carburant qui hante les pays importateurs au moment d’établir leur budget annuel et qui menace les équilibres financiers très fragiles de certains pays non producteurs.
En 2008, le pétrole a connu une augmentation de prix vertigineuse. Inférieurs à 60 dollars le baril de brut les prix ont grimpé en quelques mois et ont même dépassé les 130 dollars pour retomber  par la suite avant de grimper à nouveau. Cette variation à la hausse des prix de pétrole a impacté très négativement l’équilibre budgétaire, la balance commerciale et les réserves en devises des pays importateurs. Beaucoup se sont endettés pour pouvoir s’approvisionner en liquide noir. Industrie et consommation ménagère obligent.
Cependant, depuis 2014, les prix du pétrole sont en chute libre. Ainsi, le prix du baril du brut est descendu en dessous du seuil de 100 dollars et menace de baisser encore plus suite au ralentissement de la croissance de certains pays comme la Chine ou l’Union Européenne et la décision des pays producteurs de ne pas baisser la quantité produite, même si le prix du baril descend pour atteindre 20 dollar. A cela s’ajoute l’appréciation du dollar qui a poussé certains pays à réduire leur approvisionnement en pétrole et à tirer vers le bas la demande pour cette matière.
Cette situation qui fait le bonheur des importateurs et leur permet de reprendre leur souffle, n’a pas le même effet sur les pays exportateurs. Si certains arrivent à encaisser le coup et à tenir face à cette baisse des prix, d’autres le font moins. Et si cette baisse de prix est combinée à des sanctions et à des tensions diplomatiques, comme pour le cas de la Russie, son impact devient plus palpable et plus dangereux pour les équilibres macro-économiques du pays.
Puisqu’il y a certains producteurs dont le budget supporte très mal cette situation, pourquoi ne pas baisser la production pour stabiliser les prix ?
La réponse avancée par plusieurs analystes lie cette guerre des prix à une guerre de parts de marché. Les exportateurs veulent conserver leurs parts de marché devant l’apparition d’un nouvel concurrent qui est le pétrole de schiste exporté par les Etats-Unis et la réapparition de la Libye comme pays exportateur de l’or noir.  Pour le moment, le plus grand perdant de cette guerre sont les Etats-Unis car le coût du pétrole de schiste (aux alentours de 60 dollars) est supérieur à celui des autres exportateurs  et ne peux pas supporter une baisse en dessous de 40-50 dollars.
Pour le moment, personne ne peut prévoir l’évolution des prix du brut. Plusieurs facteurs sont présents pour rendre biaisée toute tentative de prévision. A l’état actuel des choses, et devant des Etats-Unis qui ne comptent pas baisser sa production et une reprise très lente de la croissance mondiale, on peut dire que cette baisse des prix va encore continuer, du moins dans le court terme.

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